GINGA TETSUDÔ 999
ANALYSE DE L'OEUVRE
L'absence du père


Le monde de Leiji (et cette affirmation ne surprendra personne) est un monde de femmes. Même si l'auteur reconnaît ne pas les comprendre, dans ses histoires c'est bien elles qui mènent le bal, tandis que les hommes essayent simplement de vivre et de mourir dignement. Dans toutes ses oeuvres, les femmes occupent une place prépondérante, et il est clair ici que Maetel, plus que Tetsurô, est LE personnage central de Ginga Tetsudô 999.

La perte de la mère de Tetsurô est centrale à la saga, et l'on ne compte plus le nombre de fois où la scène est revécue en souvenirs par le jeune garçon (on en finit même à se demander parfois si ce n'était pas une astuce pour remplir les épisodes quand l'équipe d'animateurs était charrette !) Toutefois, bien que douloureuse, cette perte de la mère est vécue sainement, car elle est exprimée, ressentie. En revanche, la perte du père n'est que rarement abordée : son père ne revient presque jamais dans les séquences flashback, alors que le garçon en a un souvenir agréable et ému.

Lors de ses périples, Tetsurô trouve des amies, des confidentes, des mères, des maîtresses-femmes, mais jamais de père. Le seul qu'il aurait pu considérer comme tel était Antarès, lui-même père d'une ribambelle d'enfants, dont il a retenu le courage, et aussi un conseil précieux ("pour survivre dans la galaxie, il faut tuer avant d'être tué"), mais ce personnage n'est hélas pas récurrent dans la série ; plusieurs des hommes rencontrés en route deviennent des amis, mais aucun ne pourrait faire figure de père pour le garçon, aucun n'en a le désir ni la stature, et tout semble indiquer que le garçon lui-même refoule ce besoin de père.

Captain Harlock sera bien un peu une figure paternelle pour le garçon dans les longs-métrages, mais il n'est pas présent dans l'oeuvre originale (il n'apparaît qu'à deux reprises en 113 épisodes, une fois dans l'ombre où l'on ne voit que son oeil, et l'autre comme un étranger dissimulé sous une cape dans un bar de Heavy Melder !)

Au final, il ne reste plus que le Contrôleur, qui accompagne le garçon, comme Maetel, tout au long de son périple, mais malgré les rapports d'affection qui se tissent au fil de la série, on est loin de trouver dans ce trio, avec tout le non-dit affectif que chacun véhicule, l'image, même lointaine, d'une famille recomposée ! Le contrôleur agit au mieux envers le garçon comme une vraie mère poule qui passe son temps à s'inquiéter, et une fois de plus, c'est donc Maetel qui joue le rôle de la mère et celui du père pour l'enfant, sans que ce besoin refoulé et jamais exprimé n'ait une chance de se trouver véritablement comblé par la présence d'une figure paternelle qui serait un modèle. Bien entendu, le deuxième long-métrage (si tant est qu'il fasse partie du même univers que la série) nous renseigne enfin sur le pourquoi de cette abnégation du père, avec l'introduction du Chevalier Noir Faust, le père du garçon.


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Ginga Tetsudô 999 © 1977-81 Leiji Matsumoto / Tôei Animation
Ce dossier exclusif © 2003 Stéphane Beaumort / BIS Productions
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