Le concept de la série

Présentée comme 13 nouveaux voyages de l'Arcadia,
la série est bien en réalité une seule histoire en 13 volets,
cohérente, dense et noire à souhait...
  


Le concept de 13 voyages pour l'Arcadia est plus un argument commercial qu'une réalité, car il s'agit bien en fait d'une seule épopée en 13 volets. Ceci n'est pas une idée de dernière minute, puisque de nombreux extraits des tout premiers trailers montrent que la série dans son ensemble avait déjà été très largement terminée au moment de la sortie du premier épisode dans le commerce.

Il est important avant tout de comprendre que Leiji lui-même présente cette série comme la "version Rin Tarô de Captain Harlock", ce qui nous amène à deux conclusions :

c'est bien Matsumoto, et non Tarô, qui tenait en main les rènes de la 1e série ;
Leiji n'est pas le maître d'oeuvre de ce nouvel opus (ce qui est cohérent avec le fait qu'il aurait découvert les étoiles de David lors du passage télé seulement). Tarô est d'ailleurs celui qui a réclamé aux scénaristes une histoire totalement originale réutilisant les mêmes éléments que la série originale.

Il importe également dès le départ de ne pas établir de lien chronologique entre cette série et la série originale. Comme c'est la règle dans le reste du "Leijivers", il ne faudrait pas considérer toutes les séries de l'auteur comme situées dans le même continuum espace-temps. Chacune raconte à sa manière les aventures des mêmes personnages, mais toutes contiennent des éléments qui rendent impossible leur assimilation à une même chronologie. Aussi, bien que présentant de grandes similitudes avec ce qu'on appelle familièrement "ALBATOR 78", on ne peut pas décrire ENDLESS ODYSSEY comme une suite au sens strict du terme... Il faut donc apprendre à apprécier chaque série pour ce qu'elle est, sans chercher à établir une unité de temps et de lieu que Leiji ne cherche pas particulièrement dans son oeuvre.

Quitte à refaire quelque chose avec Albator, autant y mettre les moyens (surtout après l'échec d'HARLOCK SAGA et la semi-déception de COSMOWARRRIOR ZERO), et sur ce plan-là, ENDLESS ODYSSEY ne déçoit pas. Au scénario Sadayuki Murai (PERFECT BLUE) sait crééer une histoire sombre, angoissante et riche en nuances ; au chara design, Nobuteru Yuki (LODOSS, ESCAFLOWNE, CHRONO CROSS...) a su rester fidèle à l'esprit des personnages et à l'atmosphère de l'oeuvre, tout en apportant un trait plus moderne (seuls reproches, peut-être: les lèvres pulpeuses des Kei Yuki et la sale tronche de Yattaran !) ; le rôle d'Herlock est repris par son doubleur attitré, Kouichi Yamadera ; le tout sous la houlette de Rin Tarô, impeccable à la réalisation — on doit à ce spécialiste de Leiji les films de GALAXY EXPRESS 999, la première série d'ALBATOR, et on l'a revu récemment sur le METROPOLIS de Tezuka — pour le studio Madhouse, lui-même peu réputé pour bâcler l'animation de ses séries...

À la musique, on aurait pu préférer les classiques comme Seiji Yokoyama (inégalable sur ALBATOR 78) ou Nozomu Aoki (GALAXY EXPRESS 999) plutôt que Takayuki Hattori, mais il n'est pas dit que leur style se serait marié aussi bien à l'esthétique de la série que le sien, et passé le cap de la surprise, cette B.O. (parue sur le label Nippon Columbia, en même temps que le DVD) est un véritable petit bijou.

Il ne faut pas s'attendre avec ENDLESS ODYSSEY à un rythme effréné, car n'oublions pas que Leiji Matsumoto préfère de plus en plus les parlottes à l'action en prenant de l'âge, et que Rin Tarô, le réalisateur, est réputé pour le rythme lent de ses films ! Cela ne veut pas dire que vous vous ennuierez avec cette série, c'est même tout le contraire... Vu le temps et les moyens investis dans ce projet, le résultat est beaucoup plus fignolé, plus fluide et plus satisfaisant que ne l'étaient la plupart des dernières productions de l'auteur (GUN FRONTIER excepté). Par contre, si certains reprochaient — à raison — à la 2e série de viser un public trop jeune, on n'est plus du tout ici dans une oeuvre tous publics, certaines séquences (notamment celles des ) étant à même de choquer des enfants.

Et pour les esprits chagrins qui se battent encore pour savoir lequel de l'Arcadia vert ou du bleu est le plus beau, cette série ne mettra sans doute personne d'accord puisque c'est un troisième Arcadia qui est la vedette de ce film ! (même si le modèle original y refait aussi une apparition) Vous retrouverez aussi tous les personnages secondaires qui ont fait le charme de la série originale : le Dr. Zero, mais aussi Machi (en français : Marisse, le chef mécanicien), la cuisinière, le chat Mî-kun, le corbac chiâleur Tori-san (littéralement: "M. Oiseau"), et bien entendu Mîme (Clio) qui nous revient plus fascinante que jamais. Quant aux anti-Mayu (Stellie), ils n'auront à la supporter qu'à partir du 10e épisode...

En tout cas, c'est un plaisir immense de revoir Albator dans une vraie série, alors même que paraissent les séries SAINT SEIYA—HADES, GHOST IN THE SHELL, ASTRO BOY et CYBORG 009, mais aussi les rééditions DVD de GALAXY EXPRESS 999, de DEVILMAN, et des films du Studio Ghibli—le tout pratiquement au même moment ! Jusqu'à présent, les fans des oeuvres de Matsumoto n'avaient pas eu beaucoup de chance question DVD en France, mais c'est en train de changer, notamment avec la qualité extrême du coffret GUN FRONTIER qui sort en ce moment chez Kaze. On ne peut donc qu'espérer que la future parution française sera à la hauteur de la qualité de la série.


© ARCADIA 2000 / BIS Productions
mise à jour : octobre 2003