© 2001 Daft Punk / Leiji Matsumoto

Retour sur quelques images familières : un dictateur se rend sur une planète pacifique ou règnent la tolérance et l'esprit de fête... kidnappe les pop stars qui en sont les symboles, les rapatrie sur Terre, leur lave le cerveau, leur dépigmente la peau, remplace leurs souvenirs... pour en faire au final des Terriens plus vrais que nature ! De la science-fiction ? Pas sûr... Il y a beaucoup plus à déchiffrer derrière les clips apparemment simples de Leiji Matsumoto pour DAFT PUNK, tout comme dans le reste de son oeuvre, qui dénonce souvent l'intolérance ou l'incompréhension de l'autre, et prône sans cesse la résistance aux totalitarismes, de quelque nature qu'ils soient.

Devant l'incroyable résultat électoral qui occupe tous les esprits, je suis tenté de penser comme Albator, qui, devant la stupidité des Terriens qui se sont laissés assouvir et aviliser, est souvent tenté de les abandonner à leur triste sort... Ils ont collaboré avec l'ennemi au lieu de résister, acceptent passivement leur sort et toute décision émanant d'une autorité centrale corrompue, ont oublié tout sens critique, et préférent la sécurité d'un monde policé à la diversité et aux risques de la démocratie...

"Après tout, si c'est ce qu'ils veulent, ces idiots..." Et puis je me dis que moi, contrairement à Albator, je n'ai pas la possibilité de m'enfuir dans l'espace... et puis, partir ailleurs, mais pour retrouver quoi ? Une autre terre, forcément en proie aux mêmes questions ? Un paradis, réel ou artificiel, qui me permettrait de faire l'autruche ? Être un pirate, alors ? Attaquer les spatiocargyres et jouer les redresseurs de tort ? Allons...

D'abord, je ne suis pas libre de toute attache comme un pirate, j'ai un enfant à élever... et mon fils, justement, c'est un peu comme Stellie pour Albator. Et pour lui qui va grandir dans ce monde aux idées parfois inquiétantes, je me dois de me battre, même quand je serais tenté de fuir ou de faire l'autruche... d'autant qu'il est un peu du genre bouclé, si vous voyez ce que je veux dire ! Et il y a d'autres façons de résister, notamment en s'exprimant, par un vote, une discussion... ou un éditorial !

On peut tous se battre, comme notre héros, chacun selon sa conscience. Pour moi, défendre la liberté et combattre le totalitarisme, faire flotter la bannière de la liberté et affirmer haut et fort les valeurs de respect et de tolérance, ça se fera par un petit bulletin de vote... et tant pis si pour certains d'entre nous, il faudra mettre des gants !


Stéphane BEAUMORT